Nous privons une partie de la population

Dans cette contribution d'invité, Sébastien Piguet se présente avec ses propres mots. « Dans un monde idéal, le handicap ne devrait pas limiter une personne qui souhaite avoir un mandat politique », dit Sébastien Piguet qui se présent actuellement comme candidat au Grand conseil pour les élections d'octobre 2023. Dans le cadre des élections fédérales 2023, il existe pour la première fois une liste de personnes handicapées. Une chance pour nous toutes et tous d’élire des politicien-ne-s inclusive.

Cet article, ainsi que d'autres, nous ont été mis à disposition par Reporters sans barrières et peuvent être consultés sur www.inclusive-media.ch.

En quoi consiste ton engagement politique ?

«  Je suis élu au conseil communal de St-Cergue (VD). Dans ce contexte, j’ai également l’honneur d’être délégué auprès de l’association intercommunale scolaire, ainsi que membre de la commission de recours en matière de taxes et impôts. Grâce au Parti Pirate, j’ai eu l’occasion de participer à des objets cantonaux ou fédéraux. Mon engagement associatif depuis de nombreuses années m’a également permis de comprendre les coulisses du système politique suisse.

Quels sont les défis que tu as rencontrés en tant que politicien.ne en raison de ton handicap, respectivement comment le handicap influence-t-il ton travail politique ?

À chaque fois que j’ai besoin d’un document, un grand nombre de questions se posent. Le site sera-t-il accessible ? Le document sera-t-il accessible ? Le contenu sera-t-il sous une forme qui me permettra de le comprendre ? Qui pourra m’aider si l’une de ces questions devait se révéler un obstacle ? Certains dossiers peuvent prendre un peu plus de temps à cause de ces difficultés. Je dois m’entourer afin de pouvoir analyser certains dossiers, mais je considère que c’est une chance de pouvoir confronter mon avis.

Qu'est-ce qui fait de toi un.e politicien.ne, en dehors du handicap ?

En premier lieu, probablement une haine viscérale des injustices, mais surtout une envie de partager. Donc, c’est toujours avec plaisir que je m’investis pour que tous puissent bénéficier d’un monde équitable, où le partage et la collaboration retrouvent une place centrale. Ce sont ces valeurs qui m’ont incité à fonder l’association AccessiJeux Suisse. J’ai pu découvrir l’excellent travail de l’association en France et j’ai souhaité pouvoir en faire profiter d’autres personnes en Suisse.

Quelles sont tes positions politiques – dans le domaine du handicap, mais aussi plus généralement ?

Nous devons avoir des règles qui régissent une vie en communauté la plus équitable possible et intervenir le moins possible dans les choix des personnes qui doivent rester libres. Quand nous construisons quelque chose en haut d’un escalier, nous privons une partie de la population de sa liberté, il s’agit d’en avoir conscience. Il est important que nous retrouvions une volonté de faire société ensemble, c’est cette volonté de collaborer qui a fait que je me suis reconnu dans les valeurs humaines de liberté et de transparence du Parti Pirate Vaudois.

Que penses-tu de l'existence d'une liste de personnes handicapées ?

Fondamentalement, je la regrette. Dans un monde idéal, le handicap ne devrait pas limiter une personne qui souhaite avoir un mandat politique ; cela devrait d’ailleurs être le cas pour tout autre acte de la vie. Malheureusement, nous constatons aujourd’hui que les personnes en situation de handicap ont un déficit important de représentation à tous les niveaux. Cette liste permet donc pour les personnes concernées d’avoir facilement accès à une liste des personnes qui les représentent. Elle permet aussi de pouvoir mettre en avant des profils différents auprès des citoyens. »